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Être riche de Dieu – culte des récolte du 4 octobre aux Bayards

by sur 7 octobre 2020

Culte des récoltes présidé le dimanche 4 octobre 2020 au temple des Bayards par Séverine Schlüter et André Chédel
Musique : Jean-Samuel Bucher (orgue) et groupe Cornucopia (cor des Alpes), mené par Pierre Juvet
Lectures et service : Rose-Marie Fragnière

Accueil et invocation

Plusieurs aspects nous rappellent que cette année, ce culte aura une saveur bien particulière : je ne verrai pas vos visages, nous ne serons pas réunis autour du pain et du vin, nous n’échangerons pas nos produits de nos jardins potagers ou du verger à la fin du culte.

Et pourtant, il y a de quoi se réjouir, et vivre ce moment dans la fête : le temple est bien décoré, les musiciens sont prêts à égayer ce moment… et vous êtes là, devant moi ; nous sommes là avec nos regards à échanger, et la présence de Dieu, fidèle, parmi nous.

Comme nous nous sommes accueillis les uns les autres, c’est aussi Lui qui nous reçoit et nous emplit de son Esprit.

Réjouissons-nous dans sa présence avec les paroles du Psaume 104 :

Que tes œuvres sont nombreuses, Seigneur,
toutes avec sagesse tu les fis,
la terre est remplie de ta plénitude,
toute la création espère en toi.

Tu envoies ton souffle créateur,
tu renouvelles la face de la terre.
À jamais soit la gloire du Seigneur,
que le Seigneur se réjouisse en ses œuvres !

Je veux chanter au Seigneur tant que je vis,
je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure.
Puisse mon langage lui plaire,
moi, j’ai ma joie dans le Seigneur.

Lectures bibliques : 

Prédication à deux voix : Être riche de Dieu

  • Séverine Schlüter, sur le texte du Deutéronome :

«Lorsque tu mangeras et te rassasieras, garde-toi d’oublier l’Éternel, ton Dieu»

(v. 12 et 11).

Les Israélites sont en effet à un tournant de leur histoire.

Après des années passées à errer dans le désert, les voici aux portes d’un nouveau pays, plein de promesses…

L’heure est à la réjouissance – mais aussi à la mise en garde, face à ce qui les attend.

Bien sûr, on peut penser aux inconnues et dangers potentiels qui sont devant eux : ce pays est habité, et ils risquent d’y rencontrer de l’adversité… c’est un lieu qu’ils ne connaissent pas, et qu’ils devront apprivoiser… de nomade, ils vont apprendre à devoir être sédentaires. Tout est encore à construire !

Autant de paramètres qui pourraient les inquiéter. Pourtant, la mise en garde ne concerne par les difficultés qu’ils risquent de rencontrer – mais au contraire l’abondance dans laquelle ils vont entrer !

«…lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s’augmenter ton argent et ton or, et s’accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude…» (v. 12b-14)

Cela m’a rappelé les débats que nous avions, à l’époque, avec mes camarades du groupe de jeune de ma paroisse : à quel moment risque-t-on le plus de mettre Dieu de côté : quand on traverse une passe difficile, et qu’on se sent abandonné de lui, ou au contraire quand tout va bien, et qu’on oublie sa présence dans nos vies ??? La réponse n’est pas facile à donner, et nous n’étions pas tous d’accord entre nous.

Et après tout, qu’importe. Car ce qui se joue dans les deux cas, c’est sensiblement la même chose : le défi qui nous est lancé de savoir compter sur la présence de Dieu, pas après pas, comme celui qui nous guide, quelles que soient des péripéties qui traversent nos vies…

A l’heure où ils vont prendre possession de leur nouveau pays, Dieu exhorte ainsi son peuple à ne jamais oublier d’où ils viennent : ils ont fait l’expérience de l’esclavage en Égypte, puis des scorpions, du manque d’eau et de nourriture. dans le désert… et pourtant Dieu n’a pas cessé de les accompagner, pour leur faire traverser ces épreuves, et arriver dans ce pays d’abondance.

Ils ont dû apprendre la confiance, au jour le jour – confiance que chaque matin Dieu serait là pour les mener un peu plus loin. Mais maintenant, alors qu’ils n’auront plus à s’inquiéter de leur subsistance, comment va se jouer leur relation à Dieu ? Sauront-ils se rappeler des valeurs essentielles que Dieu leur a confiées ?

Semer, planter, prendre soin, récolter ne devront pas être un prétexte pour se considérer comme : s’ils l’oublient, Dieu saura leur rappeler qu’au départ, c’est lui qui a créé leur environnement, qui les y a placés, qui leur a donné les conditions et la force nécessaire pour obtenir tout cela !

Nous voici dans un autre contexte. Mais nous avons aussi une interpellation à entendre.

 Ce culte est traditionnellement celui où nous rendons grâce pour les récoltes, pour tous les biens que nous avons reçus. Nous sommes invités à notre tour à ne pas oublier que tous ces dons ne sont pas un dû, et ne vont pas de soi.

Nous voici aussi à un carrefour, à un tournant, en ce qui concerne notre environnement et l’urgence climatique.

La terre est mise à mal de bien des manières.

Le réchauffement planétaire, la surexploitation des ressources, les inégalités qui se creusent sont les témoins d’une vision du monde qui arrive à ses limites : une vision du monde qui nous a fait croire que nous étions propriétaires de cette terre.

Il nous faut changer de regard, et se rappeler que cette terre nous a été donnée, et que nous y avons été placés pour l’habiter.

Un défi nous est lancé : saurons-nous garder ou retrouver les valeurs essentielles que le Seigneur nous a confiées ? C’est-à-dire reconnaître les traces de sa présence au travers de notre environnement et respecter les êtres qui la peuplent ?

Le texte de Luc qui a été lu tout à l’heure nous invite justement à nous tourner vers l’essentiel…

  • André Chédel, sur le texte de Luc :

Cette parabole est le reflet de la prévoyance à outrance – c’est-à-dire se calfeutrer contre la disette improbable.

L’épisode du semi-confinement de février en est un exemple : “dévaliser les magasins sans mesure à cause de la peur de l’inconnu.”

En première lecture ce texte n’est rien d’autre que de la dynamite : il fait exploser notre système de prévoyance.

Dès le berceau on est éduqué à épargner, prendre soin des choses ; respecter la nourriture, c’est le sens profond d’un culte des récoltes.

Travaille pour gagner ton pain.

Paresseux, va vers la fourmi, observe son anticipation de l’hiver.

Si tu n’œuvres pas, tu ne manges pas.

Même le grand Jacob de l’Ancien testament doublait son cheptel avec sa tisane de feuilles de peuplier, d’amandier et de platane. IL s’y connaissait le bougre en chimie naturelle. Il mettait en pratique les 3 éléments de la “trinité humaine” : le peuple, l’amande (donc l’aliment) et le bien-être, la sécurité.

Et que penser de la richesse de Salomon ? Mais ce roi a compris que cela ne suffit pas : c’est le premier élément pour comprendre le texte de Luc.

Aujourd’hui, c’est un merci pour la récolte annuelle afin de passer l’hiver sereinement avec la générosité de la nature nourricière.

En cas d’abondance, que faire du surplus à emmagasiner ? C’est bien là la vraie question. Faut-il acheter un frigo plus grand ? Louer un grenier ? Joseph l’a bien fait en Égypte suite à un songe salutaire pour une multitude.

Alors c’est quoi cette parabole-dynamite du succès ?

Pour aller au cœur du message, il faut lier la première phrase avec la dernière du texte lu : “La terre d’un homme riche avait beaucoup rapporté ,mais lui-même n’était pas riche pour Dieu”. Voilà la malédiction prophétique d’Esaïe 5.8 : “Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison et qui accumulent champ après champ jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace”.

Plus d’espace… même pour eux. Pas de place pour respirer, pour bouger, apprécier : bref une prison dorée sans avenir réel. Pourquoi cette folie de possession illimitée ?

L’assèchement du lac des Brenets dû à la sécheresse est un indice de l’angoisse de l’homme riche. Le fond du lac n’est pas étanche, donc l’eau se perd dans le sous-sol.

Le sol de l’homme riche n’est pas fiable, son âme sera enlevée cette nuit-même.

Les biens de la terre sont à honorer, c’est une bénédiction et non un capital assuré.

Les années ne sont pas égales, les éléments naturels variables, les parasites, erreur de culture.

Difficile d’évaluer les futures réserves.

La peur viscérale de manquer, c’est la prétention de tout gérer, tout contrôler. En un mot, se prétendre unique artisan de la réussite.

La richesse personnelle et une citerne précieuse mais ce n’est pas une source.

Saint-Paul l’affirme : “j’ai planté, Appolos a arrosé, mais Dieu a fait croître” (1 Corinthiens 3.6). Être riche de Dieu, c’est camper vers la source d’eau vive afin que ma terre ne souffre pas de la sècheresse. L’abondance c’est se laisse irriguer par la grâce divine. Au lieu de bâtir de nouveaux greniers, ce trop-plein se partage avec l’orphelin, la veuve et l’étranger ; c’est-à-dire, le chômeur, le licencié ou le pèlerin.

Dieu est certitude dans la ronde des saisons. Soyons reconnaissants et, comme l’huile de la veuve de Sarepta, les récoltes annuelles ne s’épuisent pas.

Amen.

Prière de reconnaissance – antiphonée avec l’assemblée 

Rose-Marie : Voici maintenant un moment que nous voulons vivre dans la reconnaissance. Je vous invite à prier.

DANS “RECONNAISSANCE”, IL Y A LE FAIT D’ÊTRE RECONNAISSANTS, DE DIRE MERCI POUR CE QUI NOUS A ÉTÉ DONNÉ.

Ainsi, Nous te rendons grâce, Dieu de bonté, pour toutes les merveilles de ta Création :

Assemblée :   Pour la beauté du ciel, de la terre, de la mer,

Pour la splendeur des montagnes, des plaines et des rivières,

Rose-Marie : pour la couleur des fleurs et le goût des fruits mûrs,

la douceur des blés et la palette des légumes de nos potagers, 

Assemblée :   pour le chant des oiseaux et le souffle du vent,

pour la chaleur du soleil et la fraicheur des pluies,

                    et l’ombre des forêts.

TOUS :         Merci pour la vie !

Rose-Marie : Nous te louons pour ces dons généreux, et nous t’en prions, aide-nous à les conserver à nos descendants.

Assemblée :   Accorde-nous de continuer à profiter avec reconnaissance de ta création si riche et si diverse.

TOUS :         En l’honneur et à la gloire de ton Nom, maintenant et toujours. Amen. »

Séverine :      DANS “RECONNAISSANCE”, IL Y A AUSSI LE FAIT DE RECONNAÎTRE SES LIMITES, D’ÊTRE LUCIDE SUR NOS MANQUEMENTS ET NOS ERREURS.

Nous reconnaissons, Seigneur, que nos choix et notre façon de vivre mettent en danger ce monde que tu as créé pour le bonheur et pour la vie.

Assemblée :   Tu as voulu faire de nous des partenaires, les gardiens et les jardiniers de ta Création. Pourtant, nous avons tendance à l’exploiter au lieu de la cultiver. A nous comporter comme des souverains absolus de ce monde, alors que tu en es le seul Seigneur et que nous n’en sommes qu’une infime partie.

Séverine :      Guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde et non des prédateurs, pour que nous semions la beauté et non la pollution ni la destruction.

Assemblée :   Ô Dieu des pauvres, aide-nous à secourir les abandonnés et les oubliés de cette terre qui valent tant à tes yeux.

Séverine :      Dieu d’amour, nous te prions pour tous ceux qui souffrent du feu et de l’eau, des tremblements de terre et des tempêtes. Qu’ils gardent espoir malgré les difficultés.

Assemblée :  Dieu d’amour, nous te confions tous ceux, en particulier les plus jeunes, qui mettent en œuvre de nouveaux projets devant l’urgence climatique.

Séverine :      Fais grandir en nous la détermination à respecter toute forme de vie et à prendre notre part de responsabilité dans la transformation du monde. Donne-nous un regard critique et constructif sur notre mode de vie.

Assemblée :   Ne laisse pas le fatalisme ni le défaitisme venir à bout de nos convictions.

TOUS :         Merci parce que tu es avec nous tous les jours ; soutiens-nous, nous t’en prions, dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix..

André :         DANS “RECONNAISSANCE”, IL Y A ENCORE LE FAIT DE SAVOIR RECONNAÎTRE, DISCERNER, SAVOIR LIRE DES SIGNES DANS CE QUI NOUS ENTOURE.

Assemblée :   Dieu de la vie, dans laCréation, tout nous parle de toi.

André :         Apprends-nous à découvrir la valeur de chaque chose, à contempler, émerveillés, à reconnaître que nous sommes profondément unis à toutes les créatures sur notre chemin vers ta lumière infinie.

Assemblée :   Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures, qui sont sorties de ta main puissante. Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présence comme de ta tendresse. Loué sois-tu.

André :         Fils de Dieu, Jésus, toutes choses ont été créées par toi.
Tu t’es formé dans le sein maternel de Marie, tu as fait partie de cette terre, et tu as regardé ce monde avec des yeux humains. Aujourd’hui tu es vivant en chaque créature avec ta gloire de ressuscité.
Loué sois-tu.

Assemblée :   Esprit-Saint, qui par ta lumière orientes ce monde vers l’amour du Père et accompagnes les plaintes de la Création, tu vis aussi dans nos cœurs
pour nous inciter au bien. Loué sois-tu.

André :         Et comme Jésus-Christ nous l’a enseigné, nous disons ensemble :

TOUS :         Notre Père qui est aux cieux,

que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisses pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
pour les siècles des siècles.

Amen.

Envoi et bénédiction

Prière de frère Alois de Taizé :

Esprit Saint, tu nous rends libres, libres pour aimer ceux que tu nous confies, libres aussi pour porter un regard nouveau sur la création. Tout ce qui est créé vient de toi, comme un don que tu nous confies.

Bénédiction (tirée de “Saison de la Création 2019, Toucher et être touché”)

Que votre cœur se repose dans l’immense amour du Père. Que les années, les saisons et les heures ne puissent s’écouler sans vous rapprocher de lui. Que parole et silence ne vous séparent jamais de nos frères et sœurs. Et que sur la terre, vous soit toujours donné un cœur qui aime Dieu, ses enfants et sa Création tout entière.

Amen.

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